HAY OTROS MUNDOS PERO ESTÀN EN ESTE Dobrawa Borkala January 9 - February 16, 2014
HAY OTROS MUNDOS PERO ESTÀN EN ESTE 

Dobrawa Borkala


January 9 – February 16, 2014

HAY OTROS MUNDOS PERO ESTÀN EN ESTE, Dobrawa Borkala, galerie l'inlassable

VOYAGE(S) Au delà du corps

That very moment that is takeoff.
“Take-off,” “get off” the ground.
(The image of gum being ripped off the pavement.)
Turn around and observe the passengers of the plane as it transitions from static to takeoff.
Hands clenched, fingernails piercing the armrest, faces low, they hold their breath as if it could cause the famous “interference”.
For me, Dobrawa is a take-off on its own. Her drawings, passengers of her mental plane, voodoo figures of herself, seek to be detached from our methodically founded world.
She hopes to waltz them up there, in the indefinite image of a distracted cosmos:
Imagine a ladder, an infinite ladder, stuck in our mud, crushed, tired of footsteps, stretching out into mists of unobservable colour.
And at the bottom, all those points…
One here, the other further down, this eternal spider’s web, tangled dream-catchers, feathers sequestered by prisons woven of evils, psychic janitors.
Lose the thread!
His little dolls explode, explode their faces with dynamite, cut off their arms and legs. They thus feel lighter, less perishable, this terrible function of the face – identity card no longer being.
The lovers sign a common agreement of amorous cannibalism, the mother devours the daughter with majestic involvement, the children’s faces are multiplied tenfold to learn to smile better, the ballet dancers have cramps that they know how to deform for the beauty of the gesture. They all scratch their skin to get more out of this thin material envelope, they shear the threads of their puppet bodies, they let go of the ballast of their balloon heads and then bury the carcass that has become too heavy with blood, air, bone, fat and water. Sticky brains stained with moralistic wounds.
Observers, out of your eyes come the roots that the worlds need to grow and flourish:
Sway, turn, let vertigo take you. Hypnotic jerks.
Imagine a rope extending your spine, climb it; pick meteors, amazing birds, and never look down again.

Marcella Barcelò

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HAY OTROS MUNDOS PERO ESTÀN EN ESTE, Dobrawa Borkala, galerie l'inlassable
Dobrawa Borkala, Virtual transition series, 2014, 42 x 29,7 cm
HAY OTROS MUNDOS PERO ESTÀN EN ESTE, Dobrawa Borkala, galerie l'inlassable
HAY OTROS MUNDOS PERO ESTÀN EN ESTE, Dobrawa Borkala, galerie l'inlassable

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Cet instant précis qu’est le décollage.
“Dé-collage”, se “dé-coller “du sol.
(L’image d’un chewing-gum arraché du bitume.)
Retournez vous, et observez les passagers de l’avion pendant la transition de l’état statique à celui de l’envol.
Mains crispées, les ongles perçant l’accoudoir, le visage grave, ils retiennent leur respiration comme si celle-ci risquait de causer ces fameuses « interférences ».
Dobrawa est pour moi un décollage à elle toute seule. Ses dessins, passagers de son aéroplane mental, figurines vaudous d’elle même, cherchent à être détachées de notre monde si méthodiquement fondé.
Elle espère les faire valser là haut, dans l’image indéfinie d’un cosmos distrait :
Imaginez une échelle, une échelle infinie, planté dans notre boue foulée, écrasée, fatiguée de pas, et qui s’étirerait vers des brumes aux couleurs inobservables.
Et en bas, tout ces points…
Un ici, l’autre plus loin, cette éternelle toile d’araignée, attrape-rêve emmêlé, les plumes séquestrées par des prisons tissées de maux, concierges psychiques.
Perdez le fil !
Ses petites poupées explosent donc, s’explosent le visage à la dynamite, se coupent bras et jambes. Elles se sentent ainsi plus légères, moins périssables, cette terrible fonction du visage- carte d’identité n’étant plus.
Les amants signent un commun accord de cannibalisme amoureux, la mère dévore la fille avec une majestueuse implication, les enfants se décuplent le visage pour apprendre à mieux sourire, les danseuses classiques ont des crampes qu’elles savent déformer pour la beauté du geste. Ils se griffent tous la peau pour s’extirper d’avantage de cette fine enveloppe matérielle, ils cisaillent les fils de leurs corps-pantins, ils lâchent le lest de leurs tête-montgolfières et enterrent ensuite la carcasse devenue trop lourde de sang, d’air, d’os, de graisse et d’eau. Cervelles gluantes tachées de blessures moralistes.
Observateurs, de votre regard sortent des racines dont les mondes ont besoin pour grandir et fleurir:
Balancez vous, tournoyez, que le vertige vous prenne. Des secousses hypniques.
Imaginez une corde qui viendrait prolonger votre colonne vertébrale, grimpez-y; cueillez des météores, d’étonnants oiseaux, et surtout ne regardez plus jamais en bas.

Marcella Barcelò